Des BD adaptées

Pourquoi travailler avec des BD ? 

Les BD sont des supports intéressants pour les élèves en difficulté de lecture : il y a peu de texte et beaucoup d'images, ce qui rend le support bien plus attractif pour les élèves qui n'aiment pas lire ou qui lisent laborieusement. 

Les BD offrent également des histoires adaptées à tous les âges (enfance jusqu'à l'âge adulte) avec toujours très peu de texte. Elles peuvent donc être utilisées comme supports d'apprentissage de la lecture tout en respectant l'âge de l'élève. En effet, on propose trop souvent de remédier aux difficultés en travaillant à l'aide de méthodes de lecture prévues pour des enfants de 6 ans, ce qui est très infantilisant pour des élèves bien plus âgés. 

Pourquoi adapter les BD  ? 

Toutefois, la lecture d'une BD reste technique. Il y a un sens de lecture particulier non seulement des cases mais également des bulles. 

L'écriture est souvent très peu lisible, peu aérée, avec des polices complexes. 

Pour un enfant en difficulté, la reconnaissance des lettres et des syllabes demande beaucoup de concentration et fatigue inutilement.

Les BD et la dyslexie... 

Écriture peu lisible, faible interlignage, sens de lecture complexe... Un mélange parfait pour mettre en difficulté nos élèves dyslexiques qui déjà du mal au niveau de la reconnaissance des mots 

et du repérage visuo-spatial (gauche, droite, haut, bas). 

J'ai donc fait des choix réfléchis d'adaptation.

Concernant l'aide au repérage : 

- Une bande verte et une bande rouge symbolisant le début et la fin de la lecture

-Des flèches balisant le sens de lecture d'une case à une autre

- Des bulles numérotées pour les lire dans le bon ordre

Concernant l'aide au décodage : 

- Une écriture plus lisible (Avenir*)

- Des espacements entre mots et des interlignes plus larges

- Des syllabes colorées pour aider à la segmentation des mots

*Pourquoi avoir choisi la police "Avenir" et non "Open Dyslexic" ? 

Actuellement, il n'est pas prouvé qu'il existe une police spécialement adaptées aux élèves dyslexiques. Il est cependant mis en évidence qu'il faut éviter les polices avec des empattements. Open Dyslexic est une police intéressante car elle permet de distinguer les lettres en miroir : b, d, q, p en n'étant pas reproduites à l'identique par symétrie. Cependant, mes élèves ne distinguent pas la faible différence visuelle entre ces lettres et j'ai remarqué que la police Avenir semblait leur convenir davantage qu'Open Dyslexic, étant plus épurée. 

Pourquoi choisir "La cantoche" ? 

La cantoche est une BD humoristique dont chaque page présente une situation entre enfants, toujours drôles et percutantes. 

Les avantages ? 

- Chaque page raconte une petite scène différente, on peut les lire de manière indépendantes

- Des scènes courtes avec peu de texte

- Des blagues pas si évidentes : un bon support pour travailler les implicites

- Une BD qui convient pour les petits (à partir de 7 ans) mais surtout pour les plus grands : 8, 9, 10 ans voire plus.

Un mélange BD/roman 

Zouk, c'est une BD un peu spéciale. Elle est très imagée, comme un BD, mais il n'y a quasiment pas de bulles. En fait, c'est comme un petit roman dont chaque paragraphe est illustré par une image. 

Pourquoi utiliser ce support ?

Les élèves en difficultés de lecture dépensent énormément d'énergie lorsqu'ils lisent, et souvent, ils sont découragés par la quantité de texte à lire pour pouvoir accéder à une histoire qui les intéresse. De plus, ils ont du mal à se créer une image mentale car ils restent souvent emprisonnés au stade de la syllabe ou du mot. Ils n'ont pas une vision globale du texte. Les images vont servir de point d'appui pour les aider à se fabriquer ces images mentales, mais vont aussi permettre de soulager le cerveau en apportant de petites pauses pendant lesquelles l'élève va observer les images. 

Créer un album surprise

Attention avec les illustrations. Le guide orange pour enseigner la lecture et l'écriture au CP nous met en garde. Les élèves en difficultés ont trop souvent tendance à observer les images avant de lire le texte et se mettent alors à deviner les mots ou les phrases plutôt que de les décoder réellement. Ils sont perdus lorsqu'ils doivent lire un texte sans images. C'est pourquoi, j'ai décidé de cacher les illustrations à l'aide d'une petite fenêtre de papier qui se ferme. L'élève ne l'ouvre qu'après avoir lu son paragraphe. D'où l'idée "d'album surprise" et mes élèves en raffolent !